L’hostilité de Darwin envers les Turcs

La cible la plus importante fixée par la Grande-Bretagne vers la fin du 19ème siècle était de déstabiliser l'empire ottoman. 
A cette époque, l'état ottoman gouvernait une énorme région s’étendant du Yémen à la Bosnie-Herzégovine. Cependant, les Ottomans avaient de plus en plus de difficultés à gérer ce territoire qu'ils avaient jusqu’alors dirigé dans la paix, la stabilité et le calme. Des minorités chrétiennes commençaient à se révolter au nom de l’indépendance alors que de grandes puissances militaires comme la Russie les menaçaient de l’extérieur. 

Dans le dernier quart du 19ème siècle, la Grande-Bretagne et la France se sont placées du côté des puissances menaçant les Ottomans. La Grande-Bretagne convoitait particulièrement les provinces ottomanes du Sud. Le Traité de Berlin, signé en 1878, illustre la volonté des colonialistes européens de se partager les territoires ottomans. Cinq ans plus tard, en 1882, la Grande-Bretagne occupa l'Egypte, qui appartenait alors à l'empire ottoman. Le colonialisme britannique mit alors en pratique ses plans de contrôle sur les territoires ottomans du Moyen-Orient. 
Comme toujours, la Grande-Bretagne a alors basé sa politique coloniale sur le racisme. Le gouvernement britannique a dès lors délibérément dénigré les Turcs, les fondateurs de l’empire ottoman, ainsi que tous les Ottomans et les considéra comme étant des gens soi-disant "arriérés". 
Le premier ministre britannique William Ewart Gladstone dit ouvertement que les Turcs étaient de bons exemples non-humains de l'humanité. Il proposa, pour le bien de leur civilisation, qu’ils soient chassés d'Anatolie et repoussés vers leurs steppes asiatiques.23 
Ces propos et tant d’autres semblables ont été employés pendant des décennies par le gouvernement britannique comme outil de propagande contre les Ottomans. La Grande-Bretagne tenta de présenter la nation turque comme étant une nation arriérée qui devait courber l’échine devant les races européennes plus avancées. 
"La base scientifique" soutenant cette propagande n’était rien d’autre que celle avancée par Charles Darwin! 
Les commentaires de Darwin concernant la nation turque sont parus dans le livre publié en 1888 intitulé The Life and Letters of Charles Darwin (La vie et la correspondance de Charles Darwin). Darwin y avança que la sélection naturelle jouerait un rôle dans le développement de la civilisation du fait de l’élimination des "races arriérées". Il y présente la nation turque de la façon suivante: 
Je pourrais prouver que la sélection naturelle a servi et sert encore la civilisation beaucoup plus que vous ne le croyez. Rappelez-vous les risques encourus par les nations européennes lorsque l'Europe a été dominée par les Turcs il y a de cela quelques siècles et pensez à l’absurdité d‘une telle idée maintenant! Des races plus civilisées comme les races caucasiennes avaient alors vaincu la barbarie turque dans une guerre pour la survie. Considérant le monde dans un futur proche, je prédis que d’innombrables races inférieures seront éliminées par les races civilisées supérieures dans le monde entier.24
Ces propos absurdes de Darwin étaient un outil de propagande écrit afin de soutenir la politique britannique de destruction de l'empire ottoman. Cet outil de propagande fut en effet très efficace. Les mots de Darwin "la nation turque disparaîtra bientôt, c’est une loi de l'évolution" a fourni l’appui scientifique nécessaire à la propagande britannique contre les Turcs. 
Le désir britannique d'accomplir la prophétie de Darwin s'est essentiellement réalisé pendant la première guerre mondiale. Cette guerre d’une ampleur immense a débuté en 1914 et est le résultat de conflits d'intérêt entre l'Allemagne et l’Autriche-Hongrie d'un côté, et les alliés de la Grande-Bretagne, soit la France et la Russie, de l’autre. Le plus grand enjeu de cette guerre était de détruire et de partager l'empire ottoman. 
La Grande-Bretagne a attaqué l'empire ottoman sur deux fronts différents: le premier était le front du canal de Suez, de la Palestine, et de l'Irak, afin de saisir les territoires ottomans du Moyen-Orient. Le second, le front de Gallipoli, fut la scène de l'une des plus sanglantes batailles de la première guerre mondiale. L'armée turque s'est battue héroïquement à Çanakkale et perdit 250.000 soldats en luttant contre les forces ennemies rassemblées par les Anglais. Quant aux Anglais, ils ont envoyé des troupes indiennes et des unités recrutées dans d’autres colonies telles que l'Australie et la Nouvelle-Zélande plutôt que leurs propres soldats pour combattre les Turcs. Les conséquences de l'hostilité de Darwin envers les Turcs ont encore été ressenties bien après la première guerre mondiale. Les groupes néonazis européens qui attaquent par traîtrise les Turcs en Europe s’inspirent toujours et encore de cette absurdité que Darwin soutenait à l’égard de la nation turque. On peut encore aujourd’hui trouver certains propos de Darwin concernant les Turcs sur des sites Internet de groupes racistes. 

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